Je suis donc concerné par le risque d’une crue majeure sur Paris
Il existe un vrai risque de déstabilisation de la plaque économique parisienne si nous sommes victimes d’un double phénomène : une crue majeure et une mauvaise gestion de la dite crue. Ce risque concerne une très large zone qui va du centre-ville aux abords de la région parisienne pour les impacts directs et très au-delà pour toutes les entreprises qui travaillent avec cette zone ou dont les flux logistiques traversent la zone pour les impacts indirects. Les entreprises qui se croient abritées au motif qu’elles ne résident pas dans la zone inondable se trompent lourdement : toutes les entreprises sont concernées, y compris chez nos proches voisins à l’étranger.
Pour mieux comprendre les conséquences d’un tel événement pour l’entreprise, il suffit, scénario en main, d’établir la liste de choses à faire en fonction de son implantation (près ou loin de la zone inondable) et du niveau de l’eau.
Ce petit travail permet de mieux mesurer l’immensité de la tâche. Certes au début de la montée des eaux, l’effort est minime et se résume à une veille attentive. Mais dès l’instant ou les pouvoirs publics déclenchent la mise en place des édifications (installation des protections sur plus de 400 points stratégiques (bouches de métro, entrées de parking, etc..), activité des chaînes de télévision tout-info aidant, un véritable tsunami logistique se déclenche : les particuliers voudront quitter la zone et placer les enfants dans la famille en région, les entreprises devront en moins de trois jours : établir un plan stratégique, protéger les sites, délocaliser les activités les plus critiques, organiser les transferts de personnel, des métiers, basculer l’informatique, ouvrir massivement le télétravail, gérer les indisponibilités des collaborateurs, trouver un nouveau mode d’organisation, maintenir les flux économiques, contenir les conséquences juridiques, sécuriser les impacts financiers, communiquer…
Pour s’en convaincre, regardons de près le déroulé des événements à New York lors de la tempête Sandy, fin 2012. Schématiquement : au Nord de la 40eme rue, les entreprises n’ont eu que trois jours pour se mettre en ordre de bataille et organiser leur fonctionnement dans une ville coupée de tout (tunnels, ponts, transports, ..), mais dont l’alimentation électrique a été assuré. Les collaborateurs, dont certains étaient injoignables, happés par le « family first », ont mis plusieurs jours à rallier le bureau, ou une sorte de camping a été organisé. L’informatique a parfois été totalement coupée, les télecoms également. Plus au Sud, plus de courant, plus d’ascenseurs, il faut évacuer à dos d’homme tout ce qui est indispensable pour travailler trois mois hors-site. Certaines de ces extractions ont nécessité trois semaines de manœuvre logistique avant de rétablir un site parfois éloigné de plusieurs centaines de kilomètres.
Et pourtant, depuis le 11 Septembre 2001 et les grandes pannes électriques, les entreprises sont préparées, encadrées par une réglementation exigeante, accompagnées par plusieurs organismes (FEMA, Office of Emergency Management) pour lesquels la continuité économique est aussi une priorité. Là-bas, le mot risque n’est pas tabou, les exercices menés en commun (pouvoirs publics et entreprises) sont réguliers….
Il n’est peut-être pas tout à fait certain que nous soyons aussi bien préparés…..