Incendie à Rouen Communication Zéro Pointé

L’incendie spectaculaire survenu sur l’usine Lubrizol à Rouen dépasse sans aucun doute ce qui était prévu dans les différents plans, et débouche naturellement sur une gestion de crise, dont l’objet est précisément de compléter les dispositifs prévus par des dispositions complémentaires.

Cet événement touche très rapidement un grand nombre de personnes, lesquelles doivent effectuer des gestes de bon sens , fermer les fenêtres, couper la ventilation, rester confiné, etc… Sans stratégie de communication efficace (c’est-à-dire partagé et testé), ces manœuvres de mises en sécurité ne peuvent être effectuées.

Mais au moment précis où le Préfet de Seine Maritime, en charge des opérations de secours, allait prendre la parole, donner ces consignes et demander aux populations d’écouter les médias, l’ensemble des chaines info ont coupé le signal pour basculer sur l’annonce de la mort de l’ancien président Jacques Chirac. Pas un bandeau, pas un partage d’écran, pas de report sur un autre canal dont l’antenne aurait été cassée. Il ne reste quasiment que le fil tweeter de la préfecture. Pendant de très longues heures, l’émotion l’a emporté sur la sécurité des personnes et le principe de précaution. Et on découvre en fin de journée que le sol est souillé, les gorges qui raclent, les légumes inconsommables, les populations et animaux exposés. S’il ne s’agit pas de remettre en question le caractère national de l’annonce du décès de Jacques Chirac, la question du rôle des médias, non pas pour couvrir l’événement mais en tant qu’acteur de la résolution de la crise doit être sérieusement posée et trouver une solution, rapidement.

Cette participation a pourtant été testée en Octobre 2018 par les pouvoirs publics en Polynésie Française dans le cadre d’un exercice simulant une cyber attaque touchant les populations éparpillées dans les archipels ; La cellule de crise rassemblant les experts et les autorités diffusaient les consignes techniques et recommandations aux médias, lesquels rassemblés dans un média center piloté par France Télévision et fonctionnant en pool avec les médias locaux diffusaient en temps réel consignes et « tutoriels » sur les ondes radio, TV et réseaux sociaux. Cette stratégie a bien fonctionné, elle est éprouvée et permet de déployer facilement une manœuvre, ce qui rassure tout le monde, populations, acteurs de la gestion de crise et autorités politiques.

Mais cette fois, les rédactions en ont décidé autrement, il n’y a pas eu de réquisition. Il reste à espérer que nous puissions progresser, sans renoncer à la liberté de la presse, avec bon sens et pragmatisme. Les média sont les professionnels de la communication. Les crises complexes ne pourront pas être résolues sans eux.