Nous sommes tous concernés par le risque d’une crue majeure sur Paris
Il suffit de se pencher quelques minutes sur ce dossier pour comprendre que le risque de crue majeure sur Paris est vraiment quelque-chose qui risque de nous dépasser si nous n’y prenons garde, nous les différents acteurs de l’opération : pouvoirs publics en tête, associations professionnelles gravitant autour des sujets « continuité », collectivités locales, chambres consulaires, Medef, CGPME, UPA, syndicats de salariés, opérateurs d’infrastructures vitales, grandes entreprises, petites et moyennes, experts, salariés, citoyens, journalistes, … Tous.
Alors que les véritables conséquences d’une crise majeure et mal gérée concernent à 90% le fonctionnement de l’économie de la zone, l’information permettant aux entreprises de se préparer reste toujours aussi massivement indisponible. Un détour chez nos amis anglais et américains permet de mesurer la différence : sites web (à jour), cartes disponibles, peu ou pas de jargon, réglementation incitative (donc contraignante), tout est fait pour informer, mobiliser et responsabiliser le tissu économique, stratégie efficace du tout-smartphone qui permet à chaque cadre de connaitre le risque, de se localiser, de disposer de check lists, d’alerter, … via des applications simples et gratuites (Etat, opérateurs de réseaux, ..).
Chez nous, il faut mener un travail assidu d’enquêteur pour disposer d’une carte à jour et des éléments de prévention et d’alerte. Mieux, il faut deviner que sur les cartographies, le rouge signifie l’alerte inondation pour « vigicrue », alors qu’il faut observer le bleu (et non le rouge) sur celle du BRGM… Il n’y a pas de site clair pour les entreprises, personne ne sait vraiment si nous serons efficacement prévenu de la coupure des réseaux dans la zone, pire encore de la remise en marche de ces mêmes réseaux.
Les responsables « continuité d’activité » dans les entreprises, privés de ces informations pourtant essentielles sont priés de tout deviner et de mettre en place une stratégie de sauvegarde efficace en moins de deux à trois jours. C’est impossible.
On peut donc se risquer sans se compromettre à quelques recommandations en forme de vœux : une mise à disposition de l’ensemble des plans, cartes et informations de base, présentées en Français (et non en jargon administratif), intelligibles par les patrons d’entreprise, en déclassifiant ce qui doit l’être ; des applications smartphone simples et efficaces, conçues pour le maintien de la vie économique ; une double communication organisée et animée à l’attention des populations d’une part et des entreprises d’autre part, dont les priorités sont totalement différentes ; des estimations des coupures et remise en service des réseaux et infrastructures dont la publication serait rendue obligatoire, sauf à considérer que les infrastructures vitales ne soient pas vitales….
Le coût de ces mesures de bon sens est dérisoire. Le jour ou la crue surviendra, les entreprises n’auront pas besoin d’assistance mais d’informations.
Alors qu’aux Etats Unis, les entreprises renforcent encore leur gestion de crise, déploient des réseaux sociaux internes dédiés grâce à une visibilité réelle sur l’ensemble du risque, alors que la Fema déploie le programme Private Sector Preparation (PS Prep), nous organisions le 14 Juin à Paris l’opération Plouf 75 à destination des enfants. C’est bien, mais rappelons ici que les conséquences d’une crue mal gérée concernent la vie économique du pays à hauteur de 60 à 80 milliards d’euros.