An 2000 : 1999

C’est la dernière ligne droite. La presse est très acide à l’égard de la mission Théry qui a déçu. Le gouvernement crée enfin le dispositif attendu, le comité national du passage à l’an 2000. La première réunion est organisée 11 mois avant l’échéance, 120 millions de francs sont débloqués. Le secteur bancaire encadre strictement les conditions de passage et réglemente, ce qui reste sans précèdent, la première partie du passage à l’euro n’ayant pas présenté ce niveau de risque.

Cette dimension risque converge vers les assureurs qui sont à leur tour questionnées sur les conditions d’indemnisation. Marylise Lebranchu, secrétaire d’état à la consommation mobilise la DGCCRF qui enquête sur les produits non compatibles encore en vente. La fiscalité est adaptée pour encourager les actions de correction.

Le Medef lance son plan d’action sur le terrain en mars. Il est basé sur des séances d’information dans les 167 Medef territoriaux. Vincent Balouet effectue un marathon en région. La CGPME puis les chambres de commerce se joignent au mouvement.

L’association des maires de France veut également intervenir pour les maires dont la responsabilité est le sujet d’actualité. Une collaboration est mise en place avec la FFSA qui « prête » son expert afin de conseiller les maires. Le document sera diffusé vers les 36000 communes et repris par le gouvernement

Le Medef demande que Vincent Balouet intervienne à l’intérieur de la mission Théry pour préparer le jour J. Un dispositif est mis en place dès juin pour créer un premier schéma d’intervention pour les entreprises (CNE 2000) qui sera entièrement repris et transposé par Bercy sous la forme de la « tour de guet ». Les ministres (Strauss Kahn, Pierret, Lebranchu) approuvent et lancent l’opération.

Pendant ce temps, le Clusif édite un guide de fonctionnement en mode « urgence », où comment piloter l’an 2000 quand tout brûle…Les entreprises qui sont parties tard terminent en urgence les opérations de correction et de test. Les applications sont remises en service en catastrophe. Blocage à la Cnam, bagages perdus à Roissy, les « plantages » se multiplient…

A la rentrée de septembre, et à l’approche de « J-100 », le temps s’accélère, le ministère des affaires étrangères reçoit la dernière réunion de Global 2000 à Paris et communique. Christian Sautter prend ses fonctions. Les syndicats discutent fermement les conditions d’astreinte et de reconnaissance des salariés. La FFSA négocie son propre accord de branche. L’assurance teste ses dispositifs en condition an 2000, les organismes de la FFSA effectuent leurs derniers préparatifs. Bercy se prépare, les ministres sont invités à rester dans leur bureau le soir du réveillon. A l’étranger, les réseaux de correspondants se mettent en place. A chaque fois.

La France est dans une situation singulière :la Nouvelle Zélande sera le premier pays industrialisé à passer, suivi de la France (Nouvelle Calédonie), puis l’Asie, l’Afrique et l’Europe, les Amériques, et….encore la France (Tahiti). Le dispositif de Bercy devra donc fonctionner 24/24 pendant 4 à 5 jours. Des hébergements sont organisés sur place. Le dispositif de crise restera sans précédent, 400 personnes à Bercy, plus de 50000 dans les entreprises. Tous les dispositifs de remontée et les circuits de décision sont prêts pour le jourJ.

Quelques jours avant le passage, une double tempête balaye la France, le réseau d’énergie est sévèrement touché. EDF installe son PC crise tempête dans le PC crise an 2000 et profite des inventaires et des préparatifs (liste et localisation des groupes électrogènes, très peu de cadres en congé, etc..). Les observateurs étrangers s’inquiètent (en particulier les Etats Unis…).

Le 30 décembre, les banques ferment, les entreprises se déconnectent, ferment leurs applications, installent leurs PC crise. Le 31 décembre, les îles Tonga ouvrent le bal à 11h30 heure de Paris. A 17h, la pendule de la tour Eiffel tombe en panne en direct sur les télévisions du monde entier.

6 : Dernière ligne droite

7 : Plan de secours

8 : Le jour J