La presse commence à s’intéresser de près au sujet car il représente un intérêt médiatique certain. C’est le début d’un feuilleton qui s’annonce passionnant, international, millénariste, dangereux, on y trouve quelques passionnés qui portent le dossier dans l’intérêt général. Les premiers sujets sont diffusés aux journaux télévisés du soir.
Dans les entreprises, les projets démarrent vraiment, d’abord dans les directions informatiques puis glissent vers les directions générales au fur et à mesure que le temps s’écoule et que les estimations budgétaires tombent. Mais ce projet est inconnu, tout doit être inventé, les méthodes de gestion des équipes sur des projets de maintenance à échéance fixe, mes méthodologies de tests et de « vieillissement » des systèmes d’information, etc…
Tout en poursuivant ses missions de conseil pour le compte de ses clients qui sont nécessairement peu nombreux, Vincent Balouet, en tant que président de la commission du Clusif alerte, forme et intervient devant les membres du Cigref (Club Informatique des Grandes entreprises françaises). Un chargé de mission est désigné, dont le rôle est d’animer l’ensemble des travaux. En mars 1996 ce dernier décède accidentellement. Le Cigref demande à Vincent Balouet de venir, en tant que permanent, piloter l’animation de l’ensemble des grandes entreprises françaises au sein de cet organisme dont le positionnement stratégique vis-à-vis des fournisseurs permettra de d’accélérer considérablement les travaux d’approche. Il abandonne son mandat au Clusif, tout en participant aux travaux, et prend en charge les 75 membres du Cigref.
Les travaux sont véritablement lancés en Septembre 1996. un comité des DSI est créé, un comité plénier rassemble les responsables an 2000 qui changent très régulièrement au fur et à mesure que le sujet grimpe dans les organigrammes. 19 groupes de travail seront créés sur l’ensemble des sujets (juridique, micro-informatique, grands systèmes, tests, communication, analyse de risque, pilotage et contrôle de trajectoire projet, etc..). Au lancement des travaux une trentaine de personnes seront présentes, au plus haut de l’activité, plus de 600 personnes seront déléguées pour faire avancer la résolution du problème dans les groupes de travail, ce qui ne manquera pas de poser d’importants problèmes pratiques pour une petite association.
Fin 1996, une étude juridique est réalisée par le Cigref, montre que le vide juridique autour du problème est important. Œuvre d’art ? Prévisible ? Vice caché ? Garantie ? Tout peut être dit ainsi que son contraire. Le Cigref choisit de passer à l’offensive sur le terrain de la morale, étant entendu que l’objectif est de susciter la collaboration intelligente de tous avant l’échéance et non de préparer d’éventuels recours. Les estimations des sommes en jeux se font plus précises : 100 milliards de francs pour l’ensemble du pays, en tenant compte des renouvellements anticipés, 15 à 20 % des budgets informatiques pour les grandes entreprises, dont plus de la moitié en fournitures extérieures (matériels, licences logiciel et prestations). Au final, le débat porte sur les matériels, les progiciels et les applications réalisées au forfait, ce qui représente de l’ordre de 10 milliards de francs pour les membres du Cigref. La discussion s’annonce houleuse. Un plan de communication est préparé fin 1996 et déclenché début 1997
Vis-à-vis des entreprises, afin de déployer les messages, un accord est conclu avec une filiale de France Télécom (Computer Channel) qui diffuse des programmes de télévision pour les informaticiens par le satellite et sur abonnement. Une « chaîne » est lancée exclusivement consacrée à l’an 2000, Vincent Balouet en sera l’initiateur et le principal intervenant. Au total une dizaine de vidéo-mobilisation de 30 minutes seront diffusées en France et à l’étranger Un Salon est également créé (SI2000) avec un organisateur, des formations sont mises sur pied, la documentation du Cigref est largement diffusée.